mardi 3 mai 2011

Una mezcla de arena


La vida loca
L'Amérique centrale est l'une des régions les plus volcaniques au monde. Près de Quezaltenango au Guatemala, le volcan Santa Maria s'élève à 3772 mètres. Son ascension est épuisante et les courbatures qui s'ensuivent nous assailliront longtemps. De son sommet, nous découvrons un autre volcan, le Santiaguito, situé en contrebas et la raison du bruit sourd et régulier que nous entendions lors de la montée. En effet, parmi les trente-six volcans guatémaltèques, quatre sont actifs et celui-ci en fait partie. A intervalle régulier, d'énormes volutes de fumées grises s'élèvent haut dans le ciel, saluées par les prières des dévots venus déposer diverses offrandes à l'occasion de l'approche de la semaine sainte. Comme si l'altitude aidait à nous rapprocher un peu des dieux.

Abandonné depuis la province du Guerrero au Mexique, nous retrouvons l'océan Pacifique à Monterrico, petite station balnéaire fardée de plages de sable noir. Le bus s'embourbe une fois de plus dans les rues ensablées ployant sous la fournaise. A l'aide d'une pelle mécanique, il s'extirpe délicatement de son terrier. Plus loin, on l'embarque sur une lancha en fer pour cent quetzals, afin de franchir la mangrove.

La frontière salvadorienne est pour une fois gratuite, chose rare... Le plus petit pays d'Amérique centrale mais cependant le plus densément peuplé a lui aussi, connu son époque de terreur. A l'heure d'aujourd'hui, il abrite encore la Mara Salvatrucha et la Mara 18, deux gangs rivaux formés aux États-Unis. Ceux-ci profitent impunément des quelques cinq cent mille armes éparpillées dans le pays suite à la guerre civile, dont soixante pour cent sont illégales. Inspiré par la révolution sandiniste de 1979 au Nicaragua, le FMLN, parti de gauche, se soulève la même année provoquant une réaction immédiate de l'armée. De 1980 à 1992, cette guerre civile fera soixante quinze mille victimes.

La route côtière qui longe le Pacifique oscille entre les palmeraies et les falaises abruptes. Enfin une houle apparaît, propice à la formation de vagues. Le premier spot déniché s'appelle El Zonte. Cependant, la vague est un peu violente et casse bien près des rochers ce qui ne fait pas mon affaire.

 Quelques kilomètres plus loin, nous voilà sur la plage d'El Sunzal. Une superbe et interminable droite se déroule devant nous, enfin! Et l'eau est à vingt neuf degrés... Sur le bord d'un chemin ombragé menant à la plage, nous passons là une semaine à surfer, se baigner et passer quelques moments avec Karim et la famille Risse, francophones de passage.
 La chaleur est écrasante et le bus qui n'est pas isolé l'emmagasine péniblement . Mais il est bon chaque matin, la planche sous le bras,de cheminer sur ce petit chemin et d'aller surfer dans une eau limpide.


The Bay Islands

 95 % de la forêt au Salvador et au Honduras a disparu. C'est donc à travers des paysages pelés que nous atteignons à l'est du pays El Cuco, bourgade quelque peu antipathique de par ses épaves jonchant les trottoirs et ses regards belliqueux. Mais l'ambiance est toute autre sur la plage Las Flores, petit spot de surf tranquille où les pêcheurs, le crépuscule approchant, viennent vendre le fruit de leur labeur dans de grands bacs remplis à ras bord. Le bus est posé à même la plage. Nous passons une petite soirée en compagnie de Franck, Laurence et Lya à partager d'agréables anecdotes vagabondes.

On décide de passer rapidement à l'ambassade de France à San Salvador car la photo de mon passeport se décolle progressivement. Petit point de colle et en route vers le nord! Plume est aux commandes et avale les routes de montagne pendant que je roupille tranquillement à l'arrière. Nous sommes désormais au Honduras dont les paysages ressemblent beaucoup à ceux du Salvador.

Peu après El Progreso, la végétation se fait plus dense, les maisons sur pilotis réapparaissent et l'on sent que les Caraïbes ne sont plus très loin. L'idée est de passer quelque temps sur Utila, petite île faisant partie des Bays Islands au nord du Honduras. Alors que nous attendons le bateau, deux vieux bonshommes sortent leur harmonica de leur poche après avoir palabré sur la bible et son contenu, et se mettent à jouer une mélodie. C'en est trop pour Wasaï qui se décide lui aussi de hurler son cantique mortuaire, la truffe tendue vers le ciel!

A notre arrivée, de longs pontons en bois se dressent sur les eaux turquoises, réminiscences béliziennes. Les locaux, mélange de Garifunas, de métis espagnols et de pirates blancs parlent un créole anglais. A savoir que l'île fût britannique jusqu'en 1859. A eux s'ajoutent les honduriens venus du continent et parlant espagnol ainsi que pas mal de touristes du monde entier.
 Nous apprenons qu'Utila est un des endroits les moins chers au monde pour s'adonner à la plongée sous-marine. Notre décision est vite prise, nous allons passer notre «open-water diver test». Celui-ci nous permet officiellement de plonger avec des bouteilles d'air comprimé à une profondeur de dix-huit mètres. Nous effectuerons au total six plongées dont deux en milieu protégé près du rivage et quatre en pleine mer, sur la barrière de corail. Une formation théorique nous est également proposée.
 Dès le troisième jour de formation, nous voilà déjà en train d'arpenter les murs de coraux, tombants impressionnants. Pas mal de nouvelles connaissances se bousculent tandis que notre respiration se ralentit à travers le détendeur. Rien que le fait de respirer permet de contrôler notre flottabilité, en remplissant ou non nos espaces aériens. Il est parfois difficile d'équilibrer à mesure que la profondeur augmente. Mais cette sensation d'apesanteur est époustouflante.

Tandis qu'une tortue verte picore le corail, une infinité d'espèces de poissons déferle devant nous. Surprise dans l'une de ses cachettes, une murène, verte elle aussi, déploie sa gueule béante, davantage pour respirer que pour nous menacer. Plus loin, trois poissons-anges s'obstinent à passer entre nos jambes, incessamment. La visibilité est parfaite et rassurante.

La ola roja y negra


Alors que nous nous apprêtions à quitter Utila, Lisa, une amie allemande ainsi que deux autres amis espagnols (juancho et Nacho) nous invitent à passer une nuit sur Water Cay, petite île déserte en plein milieu des Caraïbes. C'est accompagnés d'un coucher de soleil rouge flamboyant que nous débarquons sur l'île, ponctuée de cocotiers et auréolée d'eaux turquoises. Autour d'un feu, Plume dispose des feuilles de palmes qui nous serviront de nattes pour la nuit. Lorsque la magie opère...

Après quinze jours passés sur ces îles enchanteresses, nous rejoignons la côte en compagnie de Lisa que nous déposons deux jours plus tard à San Pedro Sula. La traversée du Honduras est rythmée d'incessants contrôles de polices (une quarantaine en une journée, record battu!) ce qui nous incite à rejoindre le Nicaragua à toute berzingue...

Garés dans l'une de ces multiples venelles colorées, leon nous rappelle tout de suite San Cristobal au Chiapas. De hauts trottoirs en pierre parsemés de mosaïques jalonnent cette ancienne ville coloniale. Un subtil jeu de lumière s'évertue à iriser les murs des maisons et des églises peintes de couleurs pastels (ça c'est pour toi mon copain*). Alors que la nuit tombe, le rythme des rocking-chairs sortis sur les pavés cadence la vie des quartiers et même tout le jour durant, l'homme observe son semblable.

 



De nombreuses fresques vantant les mérites de la «révolution» sandiniste ornent les murs de la ville. Ortega est partout, présenté comme étant «le père» de celle-ci. En 1985, les Etats-Unis répondent à ce régime en imposant un embargo au Nicaragua qui durera cinq ans. L'une des innombrables incursions de l'impérialisme américain dans les affaires de toutes ces ex-républiques bananières...

Sur l'île d'Ometepe, les petits singes capucins au visage rose nous accueillent de leur sourire crispé. Plume se lie d'amitié avec un témoin de l'intérêt qu'ont les Nicaragayens pour la poésie. A l'inverse de Ruben Dario, notre poète à nous s'échinait à soigner tous les chiens du quartier, au même titre que chats, singes et perroquets... Plutôt rare dans un monde où l'animal n'est que peu considéré.
Un peu plus au sud et à l'heure d'aujourd'hui, nous ne sommes plus qu'à quelques dizaines de kilomètres du Costa Rica. A playa Maderas, confortablement installés à l'ombre des arbres, on savoure les jours qui passent. La ptite vague qui va bien et le bonheur dans le creux des mains...*






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