jeudi 7 octobre 2010

Keep on travelling



Gaspesia's fever

Non, vous ne rêvez pas, enfin des nouvelles des expatriés! Commençons par le début : tonton est à bord donc en route pour la Gaspésie. Sept cents kilomètres plus tard et au bout d'un long sentier sinueux perdu en pleine forêt nous débusquons la Fonfek et Thierry le trappeur accompagnés de leurs vingt-deux chiens de traîneaux. Retrouvailles chaleureuses et pâtes au pesto égayeront cette charmante soirée.
Le lendemain, coup de klaxon, on saute dans le pick-up pour une ballade en forêt. Là nous y déposons un pain de sel pour attirer le caribou tant convoité par Thierry qui le chassera à l'arc pendant la seule semaine de chasse autorisée.

Plus tard et à quelques encablures de la vallée nous échouons au Sea-Shack, , petite auberge festive construite en bordure de plage. Contre quelques heures (!) de bénévolat, l'emplacement et l'électricité nous sont offerts ce qui nous permet de débuter l'aménagement du bus. Un bar façon paillotte fait face à la mer, la cloche sonne : "tournée générale" et les soirées arrosées s'enchaînent! Les amitiés se construisent, l'aménagement progresse et malheureusement Tonton doit nous quitter.
Quelques jours plus tard et emportés par une équipe de choc, nous partons pour Gaspé fêter la fin de saison de l'auberge "Griffon Aventure", dans un cadre idyllique. Une énorme coque de bateau en bois trône au milieu des sapins reliée par un long chemin sur pilotis débouchant sur la mer et l'endroit où se tiennent les festivités. Soirée mémorable se passant de commentaires...
Le lendemain, pour se désembuer, le parc du Forillon nous ouvre ses portes où nous apercevrons au loin les contours d'un ours noir aux longues dents acérées qui fout la trouille! Tonton et son aisance forestière aurait été comblé... Les porc-épics grimpent aux arbres et les phoques sont bien présents.

 Petit interlude technique

 Parlons un peu de ce fameux school bus, objet de tous nos désirs. C'est un international de 1997 obtenu pour la modique somme de 3000 dollars canadiens (2100 euros). Moteur de 7,6L, 210 chevaux avec turbo s'il vous plaît qui ne consomme finalement que vingts petits litres au cent kilomètres. Fameuse surprise après tous les discours entendus!
Les 11,50 mètres de long nous ont permis d'aménager un garage à l'arrière du véhicule, deux chambres doubles séparées par une cloison non-phonique donnant sur un salon composé d'une banquette et d'un bon vieux canapé bien moelleux.Viens ensuite un espace cuisine-rangement terminé par deux cloisons délimitant l'espace de vie. Deux banquettes ont été conservées devant pour accueillir comme il se doit les prétendants éventuels. On est bien à la maison quoi!
L'aménagement a commencé à Montréal où nous avons enlevé tous les sièges déposés chez Richard le casseur. Arrivés en gaspésie, Tonton le blagueur-plaqueur nous aida à monter les cloisons et petit à petit l'engin pris forme. Celui-ci nous aura coûté quelques vis et un évier car tout le reste provient des éco-centres (déchetterie locale) où nous nous sommes servis à coeur joie : canapé, bois, vélos, buffet, étagères, matelas et cie... En ce qui concerne les couvertures, draps, rideaux ou vaisselle, tout cela a été obtenu grâce à partageance, organisme caritatif du genre Emmaüs mais gratuit!
Spécial big-up à Tonton pour ses tours de tournevis, magie, passe-passe et autres talents dévoilés pendant ce séjour (saut de rivière etc...).

Revenons-en à nos baleines...

Malgré la difficulté de quitter tous les copains du sea-shack, nous filons vers Trois-Pistoles en basse gaspésie où nous prenons le traversier (à pied) jusqu'aux Escoumins pour la journée. On aurait du prendre celui de la veille mais le réveil à quatre heures du matin est un supplice difficilement négociable...  Petite session stop jusqu'au prochain village d'où nous embarquons sur un zodiac pour traquer la baleine.
Les souffles de celles-ci se perçoivent à des kilomètres et arrivés sur les lieux, deux rorquals à bosse nagent paisiblement et passent sous la coque du bateau. A quelques miles de là, rencontre inoubliable avec les rorquals communs, deuxième plus gros mammifère du monde après la baleine bleue. Leurs évents se découvrent suivis d'une énorme masse sombre qui n'en finit pas; leur taille est impressionnante et l'on ne voit qu'une petite partie de la bête. Nous croiserons plus d'une dizaine d'individus ainsi que des marsouins et un petit phoque gris au milieu des embruns.

En route pour le nouveau monde  

Laborieuse aventure que d'obtenir une assurance pour un tel véhicule à Montréal. Après plusieurs refus malgré les services de courtiers, nous obtenons enfin une réponse positive grâce a Mathieu, un ami de fonfek.
Entre-temps, nous passons d'agréables moments en compagnie de tante Mireille, ex-gardienne de nains à Montréal. Cette bonne vieille Reillemie nous file son adresse, nécessaire pour l'assurance, comment lui exprimer toute notre gratitude? Bah en lui disant tout bonnement merci!
Ne tenant plus en place, nous décidons de manière un peut abrupte d'aller chercher le soleil, devinez où?
Là où il se trouve c'est à dire en Californie. Adieu la belle province, nous arrivons le soir du premier octobre à la frontière états-unienne (français ou québécois?). Contrairement aux idées reçues, les agents de l'immigration sont affables, voir plaisantins et les formalités se font rapidement. Grosses pertes à noter : les tomates cerise et le beurre demi-sel ne seront plus du voyage.
Le soir-même nous décidons d'une halte aux chutes du Niagara, pays du chinois. Nous confirmons que les cascades existent et qu'il y a beaucoup d'eau.... Le site est splendide mais malheureusement défiguré par l'attrait touristique.
Nous traversons d'énormes plaines où la culture intensive est reine, certaines exploitations agricoles possèdent un petit avion dans leur cour, histoire d'augmenter leur productivité. En Illinois, lors de la traversée d'un bled paumé, nous croisons une dizaine de personnes debout sur le trottoir, silencieuses et immobiles, tenants dans leurs bras de larges panonceaux annonçant des slogans tels que "'abortion kills" ou "adoption saves lives". Bienvenue dans l'Amérique on ne peut plus puritaine!
Progressivement les paysages se transforment en d'immenses plaines puis plateaux désertiques, l'herbe jaune est calcinée et le relief s'intensifie. Nous empruntons la 80 West  qui relie New York à San Francisco. Surprise, nous découvrons que le school bus possède un régulateur de vitesse ce qui arrange bien nos affaires quand nous arpentons ces "highways" rectilignes sur plusieurs centaines de kilomètres.
Le grand désert du lac salé de Salt Lake City s'étend à perte de vue avec pour toile de fond de sombres montagnes noires. L'épaisse couche de sel craque sous nos pieds. Les Rocheuses franchies, 6 jours et 4800 kilomètres plus tard, nous atteignons la Californie et le comté de Trinity, en vrac. Lacs de montagne, forêts de sapins et population intriguante sous ses airs décontractés et plus qu'accueillante nous propulsent vers les sommets  ...