lundi 27 décembre 2010

Forward, ina the south...

Une fois passée la frontière, nous commençons immédiatement à apprécier cette nonchalance mexicaine et l'absence de règles à outrance; nous quittons enfin la culture occidentale. A travers la Sierra Madre, nous franchissons quelques check-points militaires pour atteindre la plus haute cascade du Mexique, celle de Basaseachi mesurant 246 mètres. En bas de celle-ci, un splendide bassin aux reflets irisés accueille l'eau qui déferle et pas un touriste pour gâcher le paysage.
 Plus loin, la petite ville de Creel, perchée à plus de 2300 mètres
d'altitude, nous charme de par ses sources chaudes environnantes et la présence d'une communauté indienne, les tarahumaras ou raramuris signifiant « ceux qui courent vite ». Les femmes s'affublent de robes amples multicolores ainsi que de foulards aux couleurs vives tout en portant leur bébé sur le dos.
Nous sommes désormais au beau milieu des montagnes et nous choisissons, pour rejoindre la côte pacifique, d'emprunter une piste de 200 kilomètres jusque Choix. Et quelle piste! En franchissant plusieurs cols, la rocaille et le sable martèlent le châssis et plusieurs fois l'arrière du bus racle le sol, écrasant ainsi la sortie du pot d'échappement. Nous sommes obligés de prendre les virages en épingle en plusieurs manœuvres et nous verrons même dans nos rétroviseurs l'accotement de l'un d'eux s'écrouler en partie alors que le jumelage des roues se retrouve quasiment dans le vide! De belles sueurs nous essuierons et quel soulagement lorsque nous retrouverons l'asphalte deux jours plus tard...

Fin novembre, nous rejoignons Gaël et Julie à Guasave, rencontrés en Gaspésie au début de notre voyage. Nous filons découvrir ensemble les merveilleuses plages du pacifique. A force de courir après le soleil et la chaleur, on le déniche enfin. Un soir près de San Blas et après une bonne journée de route, nous garons le bus quasiment sur la plage, sous les cocotiers.  Dès lors, nous aurons quelques difficultés à trouver des vagues dignes de ce nom comme il y en avait en Californie. Cela étant, les plages paradisiaques se succèdent, auréolées de bananiers et autres bougainvilliers.

Aujourd'hui, premier décembre, nous rejoignons Guadalajara pour y retrouver Plume qui arrive tout droit de Montréal via Atlanta et Mexico. Les cœurs se réchauffent, tant il est bon de se retrouver  .


Les grandes villes ne nous attirant que modérément, on découvre le lendemain El Paraiso. Nous décidons d'aller explorer la mangrove en lancha ( barque locale) jusqu'au Tortuguero, structure indépendante œuvrant pour la protection des tortues marines. Sept des huit espèces connues se reproduisent sur les plages mexicaines et plus de 500000 petits ont été relâchés dans la nature depuis la création du centre en 1993. Nous assistons en direct à l'éclosion des œufs, la coquille se brisant peu à peu sous les assauts répétés des nageoires et du bec de minuscules tortues noires. En les relâchant au bord de l'océan, leur réflexe est immédiat. Elles se précipitent vers le rivage et sont avalées rapidement par les vagues qui les emportent vers un monde qu'elles vont désormais apprendre à découvrir...
 De l'autre côté de la lagune, la mangrove abrite un nombre considérable d'oiseaux marins. Un boa lézarde sur une branche juste au-dessus de nous. Cerise sur le gâteau,de nombreux crocodiles vivent au milieu de ce dédale. Nous en surprenons plusieurs petits âgés de six à neuf mois, paressant la gueule ouverte ou s'enfuyant d'un mouvement brusque, sentant le danger. Camouflé sur la rive, un  autre mesurant plusieurs mètres de long sommeille dans son nid : ce genre d'apparition qui restera longtemps dans nos mémoires!



Bien plus loin sur la côte, La Ticla est un petit spot de surf assez réputé. Raison pour laquelle un petit tribut nous sera réclamé pour y poser le bus. La vie sous-marine ici est intense. Les baleines à bosse croisent au loin et les raies fourmillent. Attendant une vague, j'en surprendrai une d'une envergure d'un mètre environ s'envoler au-dessus de la surface, dévoilant son ventre blanc et son dos tacheté de points de la même couleur. On se régale de quesadillas et autres tacos après s'être rendu compte que l'apprentissage du surf est long et difficile...
 Avant de quitter le Pacifique et de nuit, nous surprendrons une tortue marine ramper sur la plage afin d'y creuser son nid pour y déposer ses œufs, avant de recouvrir celui-ci méthodiquement à l'aide de ses pattes ou nageoires arrières, allez savoir!

Les adieux se rapprochent à grands pas, pierre ayant décidé de nous quitter pour cause de multiples fuites et autres charges inhérentes à ses appartements à Vannes. Comme le soulignait Skaraboux, sa vie l'aura rattrapé un peu trop vite.Nous voilà donc à Mexico où El dia de Guadalupe bat son plein. Des milliers de pèlerins provenant de tous les coins du Mexique affluent vers la Basilique de santa maria de guadalupe pour lui rendre hommage. A pied, en vélo ou entassés dans d'énormes camions décorés pour l'occasion, ces derniers dorment dans la rue, parfois l'air exténué.

La veille, nous découvrions les ruines de Teotihuacan, ancienne capitale du plus grand empire précolombien, que pierre désirait voir avant de s'en retourner vers le vieux continent. Le longboard sous le bras et la guitare sous l'autre, celui-ci s'envole, que le vaya bien compañero...

 
 Plus tard, alors que nous étions en quête d'un endroit pour passer la nuit à Tecamachalco, nous garons le bus dans l'enceinte abritant provisoirement le cirque Ayala. Les affinités se dévoilant, nous sommes rapidement conviés à assister à la représentation du lendemain. Après celle-ci, les portes de la caravane du maître des lieux, el señor Tino, s'ouvrent à nous et les langues se délient. Lupita, Odylene et Jennifer (toutes deux acrobates), Carlos et les autres nous font goûter des grillons croustillants dont les pattes doivent être ôtées avant de les avaler. Il est bon de se retrouver dans une caravane et de voir les gens s'inviter dans cet espace chaleureux. Cela me rappelle le bus, j'ai l'impression de voir les copains défiler...  Plume enroule des natebas autour des cheveux des filles de Lupita, malheureusement le chapiteau s'affaisse et il est temps pour cette délicieuse famille de continuer leurs pérégrinations vers leur prochaine étape. Suerte para ustedes...

Peu à peu, la végétation se transforme et devient parfois une jungle luxuriante. Nous décidons de passer Noël à palenque, prêt d'un hôtel où de nombreux voyageurs déferlent. Le râle des singes-hurleurs nous glace le sang au milieu de ruines mayas de toute beauté.
Autour d'un ananas-sapin de noël ainsi qu'une guirlande qui chante et nous éclaire, Gaël, Julie, plume, wasaï et moi-même  nous couvriront de cadeaux ce soir-là, avant de terminer au restaurant suivi d'un spectacle de feu et cie....*
 Le lendemain, petit arrêt à la cascade de Misol-Hâ avant de se diriger vers la capitale du Chiapas, San Cristobal que nous découvrirons bientôt. D'ici-là, bonne année à tous et rendez-vous sous les tropiques...*
 

mardi 23 novembre 2010

surfin´ USA


Riders on the storm...

Nous avions bien la volonté de trouver du travail en Californie mais l'adage nous a rattrapé : travailler, c'est trop dur et voler c'est pas beau! Nous avons donc rejoint la côte Pacifique et l'envie de s'initier au surf s'est manifestée d'elle-même. En chemin, terrible rencontre dominicale d'un sound-system transe posé en forêt. Au programme : champignons, cerceaux et feux de joie, les hippies new-age nous tendent les bras.
Nos recherches commencent pour trouver des planches de surf et après plusieurs surf-shops écumés, nous échouons dans le village de Bolinas. Une petite vague tranquille nous y attends, idéale pour débuter. On est dans le cliché, des plus agréables : la baie de San Francisco au loin, les pélicans qui rasent l'eau et les phoques qui pointent le bout de leur nez nous entourent alors que nous attendons la vague. Le parti politique local (peace & love party), les petits commerces bio ou encore le smiley bar et l'appréciable architecture des maisons sur pilotis nous poussent à rester pour s'imprégner d'avantage. Au passage, ce même week-end, Bill et Hilary partageaient notre spot (Clinton oui, oui...).

Go Giants, Tuck Fexas!

Une semaine plus tard, le Golden Gate bridge nous ouvre les portes de San Francisco. La ville est ceinturée par la mer ce qui lui confère une atmosphère paisible. Le quartier d'Haight-Ashbury, ancien quartier huppé délaissé lorsque les communautés noires sont venus s'y installer non-loin et réinvesti par les hippies dans les années 60  semble victime de ses boutiques pour touristes en mal d'une époque révolue. Le quartier de Mission se révèle à nos yeux plus authentique avec ses fresques murales, sa communauté hispano, ses friperies et ses antiquaires. Le cable-car et les trolleys, emblèmes de la ville, nous mènent à travers Financial District, Chinatown, et Telegraphe Hill oû nous découvrons the City Lights Bookstore, première librairie à publier le poème «Howl » d'A.Ginsberg, pionnier de la littérature initiant la beat generation ou encore le splendide immeuble 1900 où  Francis Ford Coppola y écrivit les scénarios du Parrain, Virgin Suicide, etc...
Ceci étant, la ville c'est bien beau mais c'en est trop!

But where's the bear?

Quoi de mieux pour y remédier? Pourquoi pas les paysages du parc du Yosémite... Là-bas, nous nous initions a nos premières longues marches, sportifs que nous essayons d'être! Le relief est ardu, l'ascension progresse mais un petit doute subsiste quant à l'orientation, qui se confirme lorsque la peur de l'ours se fait sentir et que nous franchissons les rivières sur d'énormes troncs déracinés. Plus  on avance, plus le paysage s'embellit; nous passons les Vernal Falls, découvrons un lac de montagne, traversons des forêts de pins scindées par de puissants cours d'eau et terminons juste derrière le Half-Dome, à plus de 2000 mètres d'altitude en amont des Nevada Falls. La vue est spectaculaire et une impression de vertige (surtout lui...) nous saisit lorsque le débit et la profondeur se conjuguent.
Quelques jours plus tard, nous rejoignons la mythique Highway 1, route longeant la côte Pacifique à flanc de montagnes,  fil conducteur de notre épopée californienne. Le soleil brille quand nous débarquons à Santa Cruz. Les terrains de beach-volleys supportent les gracieuses envolées des canons locaux, les bonhommes chevauchent leur chopper à pédales la planche sous le bras et les moteurs des cabriolets et autres pick-up vrombissent le long de la baie. Une belle vague se forme ici et le spot est réputé, à juste titre, voir surexploité aux heures de pointe.Le centre-ville regroupe les magasins du type Rolex ou du genre aux musiciens des rues et vagabonds dans un joyeux mélange. Cerise sur le gâteau, Steel Pulse nous offre une belle prestation au Catalyst : sun, surf & reggae, la vie quoi! Jah Bless.. 

room number 1

Santa Barbara, tu me tueras, pourquoi! Bryan et Pamela habitent bien là mais ne nous ont point séduits. Conséquence: nous poursuivons jusqu'à Rincon, spot de surf agréable et avec un bon break à marée basse. Une cabane de bois flotté fait face aux palmiers surplombant l'océan, pas trop de monde à l'eau et soudain, un aileron se dévoile. Réflexe premier: la peur du requin! Tout faux. Il s'agit en fait d'une petite colonie de dauphins toute proche, qui s'amuse à nager dans la vague transpercée de rayons de soleil. Moment unique et que l'on aime à garder en mémoire!
Plus tard, brève excursion à los Angeles, megalo-pole, le temps de rouler sur Hollywood boulevard, d'arpenter les rues de Beverly Hills et d'apprécier l'ambiance déjantée de Venice Beach.
Mais les grands espaces du rêve américain nous rappellent et nous troquons les palmiers pour une toute autre atmosphère, celle du Bagdad Café. Celui-ci existe toujours et une ambiance ouatée, absolue et abandonnée s'en dégage. Peut-être du fait, en partie, que la population locale ignore tout de l'existence de ce film, ce qui lui confère une certaine authenticité. Le motel ne joue plus son rôle d'antan et un artiste-recycleur logeant dans un conteneur à côté rêve d'y exposer pour lui insuffler une nouvelle vie. Les quelques bus journaliers de touristes français déboulant sur le lieu ne sont surement pas sans rapport avec une telle idée.

Come on the road again


L'amplitude thermique augmente (cf: ça caille la nuit quoi!) et de désert en désert nous évoluons. Nous voilà rendus dans la Death Valley, où se situe le point le plus bas de l'univers, heu seulement de l'hémisphère nord en fait : -86 mètres. C'est fou, non, tu trouves tu? La route est propice à un bon gros rock'n roll, Led Zeppelin fera l'affaire et sourire aux lèvres on avale le bitume.
Après quelques centaines de miles et peut-être deux courbes à tout casser nous pénétrons « Sin City », la ville du péché. Cette ville est très pratique, on peut passer de la Tour Eiffel aux gondoles de Venise en traversant la rue sous réserve de ne pas se prendre le camion publicitaire vous proposant ses services plus qu'efficaces: une jolie jeune fille du tiers-monde en moins de vingt minutes dans votre chambre. Un délice... Malgré cela, les hôtels-casinos de huit mille chambres jouxtant le palais de La Belle au Bois Dormant surmonté de montagnes russes, le tout ponctué d'écrans sur-dimensionnés ayant pignon sur rue reste un spectacle hallucinant.
 On enchaîne sur  la route 66, avec une halte a Seligman où les carcasses de vieilles voitures et les baraquements abandonnés côtoient quelques échoppes pour touristes savamment décorées. Quand on quitte la rue principale on y découvre un village accueillant et une population au flegme bienveillant. Parcourant un plateau situé aux environs de 2000 mètres d'altitude, nous entrons à l'intérieur du parc moyennant évidemment 25 dollars. Nous nous garons sur le bas-côté, serpentons à travers quelques arbustes et débouchons sur le spectacle fascinant qu'est le Grand Canyon. Couleurs ocres s'allient à merveille avec l'immensité du paysage où l'impétueux Colorado chemine violemment sous ses airs langoureux. Quelques jours plus tard, à la frontière mexicaine que l'on franchit de manière clandestine, nous revenons sur nos pas. Afin d'obtenir les précieux tampons d'entrée et cherchant à éviter une file d'attente interminable,à pied, nous empruntons la mauvaise voie. La réaction est immédiate: une meute de douaniers en panique s'abat sur nous. Une fois nos mains levées, le malentendu se dissipe après une bonne montée d'adrénaline : Bienvenido a Mexico!

jeudi 7 octobre 2010

Keep on travelling



Gaspesia's fever

Non, vous ne rêvez pas, enfin des nouvelles des expatriés! Commençons par le début : tonton est à bord donc en route pour la Gaspésie. Sept cents kilomètres plus tard et au bout d'un long sentier sinueux perdu en pleine forêt nous débusquons la Fonfek et Thierry le trappeur accompagnés de leurs vingt-deux chiens de traîneaux. Retrouvailles chaleureuses et pâtes au pesto égayeront cette charmante soirée.
Le lendemain, coup de klaxon, on saute dans le pick-up pour une ballade en forêt. Là nous y déposons un pain de sel pour attirer le caribou tant convoité par Thierry qui le chassera à l'arc pendant la seule semaine de chasse autorisée.

Plus tard et à quelques encablures de la vallée nous échouons au Sea-Shack, , petite auberge festive construite en bordure de plage. Contre quelques heures (!) de bénévolat, l'emplacement et l'électricité nous sont offerts ce qui nous permet de débuter l'aménagement du bus. Un bar façon paillotte fait face à la mer, la cloche sonne : "tournée générale" et les soirées arrosées s'enchaînent! Les amitiés se construisent, l'aménagement progresse et malheureusement Tonton doit nous quitter.
Quelques jours plus tard et emportés par une équipe de choc, nous partons pour Gaspé fêter la fin de saison de l'auberge "Griffon Aventure", dans un cadre idyllique. Une énorme coque de bateau en bois trône au milieu des sapins reliée par un long chemin sur pilotis débouchant sur la mer et l'endroit où se tiennent les festivités. Soirée mémorable se passant de commentaires...
Le lendemain, pour se désembuer, le parc du Forillon nous ouvre ses portes où nous apercevrons au loin les contours d'un ours noir aux longues dents acérées qui fout la trouille! Tonton et son aisance forestière aurait été comblé... Les porc-épics grimpent aux arbres et les phoques sont bien présents.

 Petit interlude technique

 Parlons un peu de ce fameux school bus, objet de tous nos désirs. C'est un international de 1997 obtenu pour la modique somme de 3000 dollars canadiens (2100 euros). Moteur de 7,6L, 210 chevaux avec turbo s'il vous plaît qui ne consomme finalement que vingts petits litres au cent kilomètres. Fameuse surprise après tous les discours entendus!
Les 11,50 mètres de long nous ont permis d'aménager un garage à l'arrière du véhicule, deux chambres doubles séparées par une cloison non-phonique donnant sur un salon composé d'une banquette et d'un bon vieux canapé bien moelleux.Viens ensuite un espace cuisine-rangement terminé par deux cloisons délimitant l'espace de vie. Deux banquettes ont été conservées devant pour accueillir comme il se doit les prétendants éventuels. On est bien à la maison quoi!
L'aménagement a commencé à Montréal où nous avons enlevé tous les sièges déposés chez Richard le casseur. Arrivés en gaspésie, Tonton le blagueur-plaqueur nous aida à monter les cloisons et petit à petit l'engin pris forme. Celui-ci nous aura coûté quelques vis et un évier car tout le reste provient des éco-centres (déchetterie locale) où nous nous sommes servis à coeur joie : canapé, bois, vélos, buffet, étagères, matelas et cie... En ce qui concerne les couvertures, draps, rideaux ou vaisselle, tout cela a été obtenu grâce à partageance, organisme caritatif du genre Emmaüs mais gratuit!
Spécial big-up à Tonton pour ses tours de tournevis, magie, passe-passe et autres talents dévoilés pendant ce séjour (saut de rivière etc...).

Revenons-en à nos baleines...

Malgré la difficulté de quitter tous les copains du sea-shack, nous filons vers Trois-Pistoles en basse gaspésie où nous prenons le traversier (à pied) jusqu'aux Escoumins pour la journée. On aurait du prendre celui de la veille mais le réveil à quatre heures du matin est un supplice difficilement négociable...  Petite session stop jusqu'au prochain village d'où nous embarquons sur un zodiac pour traquer la baleine.
Les souffles de celles-ci se perçoivent à des kilomètres et arrivés sur les lieux, deux rorquals à bosse nagent paisiblement et passent sous la coque du bateau. A quelques miles de là, rencontre inoubliable avec les rorquals communs, deuxième plus gros mammifère du monde après la baleine bleue. Leurs évents se découvrent suivis d'une énorme masse sombre qui n'en finit pas; leur taille est impressionnante et l'on ne voit qu'une petite partie de la bête. Nous croiserons plus d'une dizaine d'individus ainsi que des marsouins et un petit phoque gris au milieu des embruns.

En route pour le nouveau monde  

Laborieuse aventure que d'obtenir une assurance pour un tel véhicule à Montréal. Après plusieurs refus malgré les services de courtiers, nous obtenons enfin une réponse positive grâce a Mathieu, un ami de fonfek.
Entre-temps, nous passons d'agréables moments en compagnie de tante Mireille, ex-gardienne de nains à Montréal. Cette bonne vieille Reillemie nous file son adresse, nécessaire pour l'assurance, comment lui exprimer toute notre gratitude? Bah en lui disant tout bonnement merci!
Ne tenant plus en place, nous décidons de manière un peut abrupte d'aller chercher le soleil, devinez où?
Là où il se trouve c'est à dire en Californie. Adieu la belle province, nous arrivons le soir du premier octobre à la frontière états-unienne (français ou québécois?). Contrairement aux idées reçues, les agents de l'immigration sont affables, voir plaisantins et les formalités se font rapidement. Grosses pertes à noter : les tomates cerise et le beurre demi-sel ne seront plus du voyage.
Le soir-même nous décidons d'une halte aux chutes du Niagara, pays du chinois. Nous confirmons que les cascades existent et qu'il y a beaucoup d'eau.... Le site est splendide mais malheureusement défiguré par l'attrait touristique.
Nous traversons d'énormes plaines où la culture intensive est reine, certaines exploitations agricoles possèdent un petit avion dans leur cour, histoire d'augmenter leur productivité. En Illinois, lors de la traversée d'un bled paumé, nous croisons une dizaine de personnes debout sur le trottoir, silencieuses et immobiles, tenants dans leurs bras de larges panonceaux annonçant des slogans tels que "'abortion kills" ou "adoption saves lives". Bienvenue dans l'Amérique on ne peut plus puritaine!
Progressivement les paysages se transforment en d'immenses plaines puis plateaux désertiques, l'herbe jaune est calcinée et le relief s'intensifie. Nous empruntons la 80 West  qui relie New York à San Francisco. Surprise, nous découvrons que le school bus possède un régulateur de vitesse ce qui arrange bien nos affaires quand nous arpentons ces "highways" rectilignes sur plusieurs centaines de kilomètres.
Le grand désert du lac salé de Salt Lake City s'étend à perte de vue avec pour toile de fond de sombres montagnes noires. L'épaisse couche de sel craque sous nos pieds. Les Rocheuses franchies, 6 jours et 4800 kilomètres plus tard, nous atteignons la Californie et le comté de Trinity, en vrac. Lacs de montagne, forêts de sapins et population intriguante sous ses airs décontractés et plus qu'accueillante nous propulsent vers les sommets  ...