mardi 23 novembre 2010

surfin´ USA


Riders on the storm...

Nous avions bien la volonté de trouver du travail en Californie mais l'adage nous a rattrapé : travailler, c'est trop dur et voler c'est pas beau! Nous avons donc rejoint la côte Pacifique et l'envie de s'initier au surf s'est manifestée d'elle-même. En chemin, terrible rencontre dominicale d'un sound-system transe posé en forêt. Au programme : champignons, cerceaux et feux de joie, les hippies new-age nous tendent les bras.
Nos recherches commencent pour trouver des planches de surf et après plusieurs surf-shops écumés, nous échouons dans le village de Bolinas. Une petite vague tranquille nous y attends, idéale pour débuter. On est dans le cliché, des plus agréables : la baie de San Francisco au loin, les pélicans qui rasent l'eau et les phoques qui pointent le bout de leur nez nous entourent alors que nous attendons la vague. Le parti politique local (peace & love party), les petits commerces bio ou encore le smiley bar et l'appréciable architecture des maisons sur pilotis nous poussent à rester pour s'imprégner d'avantage. Au passage, ce même week-end, Bill et Hilary partageaient notre spot (Clinton oui, oui...).

Go Giants, Tuck Fexas!

Une semaine plus tard, le Golden Gate bridge nous ouvre les portes de San Francisco. La ville est ceinturée par la mer ce qui lui confère une atmosphère paisible. Le quartier d'Haight-Ashbury, ancien quartier huppé délaissé lorsque les communautés noires sont venus s'y installer non-loin et réinvesti par les hippies dans les années 60  semble victime de ses boutiques pour touristes en mal d'une époque révolue. Le quartier de Mission se révèle à nos yeux plus authentique avec ses fresques murales, sa communauté hispano, ses friperies et ses antiquaires. Le cable-car et les trolleys, emblèmes de la ville, nous mènent à travers Financial District, Chinatown, et Telegraphe Hill oû nous découvrons the City Lights Bookstore, première librairie à publier le poème «Howl » d'A.Ginsberg, pionnier de la littérature initiant la beat generation ou encore le splendide immeuble 1900 où  Francis Ford Coppola y écrivit les scénarios du Parrain, Virgin Suicide, etc...
Ceci étant, la ville c'est bien beau mais c'en est trop!

But where's the bear?

Quoi de mieux pour y remédier? Pourquoi pas les paysages du parc du Yosémite... Là-bas, nous nous initions a nos premières longues marches, sportifs que nous essayons d'être! Le relief est ardu, l'ascension progresse mais un petit doute subsiste quant à l'orientation, qui se confirme lorsque la peur de l'ours se fait sentir et que nous franchissons les rivières sur d'énormes troncs déracinés. Plus  on avance, plus le paysage s'embellit; nous passons les Vernal Falls, découvrons un lac de montagne, traversons des forêts de pins scindées par de puissants cours d'eau et terminons juste derrière le Half-Dome, à plus de 2000 mètres d'altitude en amont des Nevada Falls. La vue est spectaculaire et une impression de vertige (surtout lui...) nous saisit lorsque le débit et la profondeur se conjuguent.
Quelques jours plus tard, nous rejoignons la mythique Highway 1, route longeant la côte Pacifique à flanc de montagnes,  fil conducteur de notre épopée californienne. Le soleil brille quand nous débarquons à Santa Cruz. Les terrains de beach-volleys supportent les gracieuses envolées des canons locaux, les bonhommes chevauchent leur chopper à pédales la planche sous le bras et les moteurs des cabriolets et autres pick-up vrombissent le long de la baie. Une belle vague se forme ici et le spot est réputé, à juste titre, voir surexploité aux heures de pointe.Le centre-ville regroupe les magasins du type Rolex ou du genre aux musiciens des rues et vagabonds dans un joyeux mélange. Cerise sur le gâteau, Steel Pulse nous offre une belle prestation au Catalyst : sun, surf & reggae, la vie quoi! Jah Bless.. 

room number 1

Santa Barbara, tu me tueras, pourquoi! Bryan et Pamela habitent bien là mais ne nous ont point séduits. Conséquence: nous poursuivons jusqu'à Rincon, spot de surf agréable et avec un bon break à marée basse. Une cabane de bois flotté fait face aux palmiers surplombant l'océan, pas trop de monde à l'eau et soudain, un aileron se dévoile. Réflexe premier: la peur du requin! Tout faux. Il s'agit en fait d'une petite colonie de dauphins toute proche, qui s'amuse à nager dans la vague transpercée de rayons de soleil. Moment unique et que l'on aime à garder en mémoire!
Plus tard, brève excursion à los Angeles, megalo-pole, le temps de rouler sur Hollywood boulevard, d'arpenter les rues de Beverly Hills et d'apprécier l'ambiance déjantée de Venice Beach.
Mais les grands espaces du rêve américain nous rappellent et nous troquons les palmiers pour une toute autre atmosphère, celle du Bagdad Café. Celui-ci existe toujours et une ambiance ouatée, absolue et abandonnée s'en dégage. Peut-être du fait, en partie, que la population locale ignore tout de l'existence de ce film, ce qui lui confère une certaine authenticité. Le motel ne joue plus son rôle d'antan et un artiste-recycleur logeant dans un conteneur à côté rêve d'y exposer pour lui insuffler une nouvelle vie. Les quelques bus journaliers de touristes français déboulant sur le lieu ne sont surement pas sans rapport avec une telle idée.

Come on the road again


L'amplitude thermique augmente (cf: ça caille la nuit quoi!) et de désert en désert nous évoluons. Nous voilà rendus dans la Death Valley, où se situe le point le plus bas de l'univers, heu seulement de l'hémisphère nord en fait : -86 mètres. C'est fou, non, tu trouves tu? La route est propice à un bon gros rock'n roll, Led Zeppelin fera l'affaire et sourire aux lèvres on avale le bitume.
Après quelques centaines de miles et peut-être deux courbes à tout casser nous pénétrons « Sin City », la ville du péché. Cette ville est très pratique, on peut passer de la Tour Eiffel aux gondoles de Venise en traversant la rue sous réserve de ne pas se prendre le camion publicitaire vous proposant ses services plus qu'efficaces: une jolie jeune fille du tiers-monde en moins de vingt minutes dans votre chambre. Un délice... Malgré cela, les hôtels-casinos de huit mille chambres jouxtant le palais de La Belle au Bois Dormant surmonté de montagnes russes, le tout ponctué d'écrans sur-dimensionnés ayant pignon sur rue reste un spectacle hallucinant.
 On enchaîne sur  la route 66, avec une halte a Seligman où les carcasses de vieilles voitures et les baraquements abandonnés côtoient quelques échoppes pour touristes savamment décorées. Quand on quitte la rue principale on y découvre un village accueillant et une population au flegme bienveillant. Parcourant un plateau situé aux environs de 2000 mètres d'altitude, nous entrons à l'intérieur du parc moyennant évidemment 25 dollars. Nous nous garons sur le bas-côté, serpentons à travers quelques arbustes et débouchons sur le spectacle fascinant qu'est le Grand Canyon. Couleurs ocres s'allient à merveille avec l'immensité du paysage où l'impétueux Colorado chemine violemment sous ses airs langoureux. Quelques jours plus tard, à la frontière mexicaine que l'on franchit de manière clandestine, nous revenons sur nos pas. Afin d'obtenir les précieux tampons d'entrée et cherchant à éviter une file d'attente interminable,à pied, nous empruntons la mauvaise voie. La réaction est immédiate: une meute de douaniers en panique s'abat sur nous. Une fois nos mains levées, le malentendu se dissipe après une bonne montée d'adrénaline : Bienvenido a Mexico!