La vida loca
L'Amérique centrale est l'une des régions les plus volcaniques au monde. Près de Quezaltenango au Guatemala, le volcan Santa Maria s'élève à 3772 mètres. Son ascension est épuisante et les courbatures qui s'ensuivent nous assailliront longtemps. De son sommet, nous découvrons un autre volcan, le Santiaguito, situé en contrebas et la raison du bruit sourd et régulier que nous entendions lors de la montée. En effet, parmi les trente-six volcans guatémaltèques, quatre sont actifs et celui-ci en fait partie. A intervalle régulier, d'énormes volutes de fumées grises s'élèvent haut dans le ciel, saluées par les prières des dévots venus déposer diverses offrandes à l'occasion de l'approche de la semaine sainte. Comme si l'altitude aidait à nous rapprocher un peu des dieux.
Abandonné depuis la province du Guerrero au Mexique, nous retrouvons l'océan Pacifique à Monterrico, petite station balnéaire fardée de plages de sable noir. Le bus s'embourbe une fois de plus dans les rues ensablées ployant sous la fournaise. A l'aide d'une pelle mécanique, il s'extirpe délicatement de son terrier. Plus loin, on l'embarque sur une lancha en fer pour cent quetzals, afin de franchir la mangrove.
La frontière salvadorienne est pour une fois gratuite, chose rare... Le plus petit pays d'Amérique centrale mais cependant le plus densément peuplé a lui aussi, connu son époque de terreur. A l'heure d'aujourd'hui, il abrite encore la Mara Salvatrucha et la Mara 18, deux gangs rivaux formés aux États-Unis. Ceux-ci profitent impunément des quelques cinq cent mille armes éparpillées dans le pays suite à la guerre civile, dont soixante pour cent sont illégales. Inspiré par la révolution sandiniste de 1979 au Nicaragua, le FMLN, parti de gauche, se soulève la même année provoquant une réaction immédiate de l'armée. De 1980 à 1992, cette guerre civile fera soixante quinze mille victimes.
La chaleur est écrasante et le bus qui n'est pas isolé l'emmagasine péniblement . Mais il est bon chaque matin, la planche sous le bras,de cheminer sur ce petit chemin et d'aller surfer dans une eau limpide.
The Bay Islands
95 % de la forêt au Salvador et au Honduras a disparu. C'est donc à travers des paysages pelés que nous atteignons à l'est du pays El Cuco, bourgade quelque peu antipathique de par ses épaves jonchant les trottoirs et ses regards belliqueux. Mais l'ambiance est toute autre sur la plage Las Flores, petit spot de surf tranquille où les pêcheurs, le crépuscule approchant, viennent vendre le fruit de leur labeur dans de grands bacs remplis à ras bord. Le bus est posé à même la plage. Nous passons une petite soirée en compagnie de Franck, Laurence et Lya à partager d'agréables anecdotes vagabondes.
On décide de passer rapidement à l'ambassade de France à San Salvador car la photo de mon passeport se décolle progressivement. Petit point de colle et en route vers le nord! Plume est aux commandes et avale les routes de montagne pendant que je roupille tranquillement à l'arrière. Nous sommes désormais au Honduras dont les paysages ressemblent beaucoup à ceux du Salvador.
A notre arrivée, de longs pontons en bois se dressent sur les eaux turquoises, réminiscences béliziennes. Les locaux, mélange de Garifunas, de métis espagnols et de pirates blancs parlent un créole anglais. A savoir que l'île fût britannique jusqu'en 1859. A eux s'ajoutent les honduriens venus du continent et parlant espagnol ainsi que pas mal de touristes du monde entier.
Dès le troisième jour de formation, nous voilà déjà en train d'arpenter les murs de coraux, tombants impressionnants. Pas mal de nouvelles connaissances se bousculent tandis que notre respiration se ralentit à travers le détendeur. Rien que le fait de respirer permet de contrôler notre flottabilité, en remplissant ou non nos espaces aériens. Il est parfois difficile d'équilibrer à mesure que la profondeur augmente. Mais cette sensation d'apesanteur est époustouflante.
La ola roja y negra
Après quinze jours passés sur ces îles enchanteresses, nous rejoignons la côte en compagnie de Lisa que nous déposons deux jours plus tard à San Pedro Sula. La traversée du Honduras est rythmée d'incessants contrôles de polices (une quarantaine en une journée, record battu!) ce qui nous incite à rejoindre le Nicaragua à toute berzingue...
De nombreuses fresques vantant les mérites de la «révolution» sandiniste ornent les murs de la ville. Ortega est partout, présenté comme étant «le père» de celle-ci. En 1985, les Etats-Unis répondent à ce régime en imposant un embargo au Nicaragua qui durera cinq ans. L'une des innombrables incursions de l'impérialisme américain dans les affaires de toutes ces ex-républiques bananières...